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Par le biais d’une dizaine d’entretiens, j'ai souhaité suivre le ressenti de plusieurs personnes travaillant dans le monde médical lors de la survenue du covid-19 en mars 2020. Trois médecins, trois infirmières et un directeur d’Ehpa se sont prêtés au jeu du témoignage, mêlant à la fois des réactions et des réflexions sur cette tempête qui entraîna tout le monde sur son passage.
J'ai fait le choix de classer ces émotions, ces affirmations et ces questionnements comme des fragments au fur et à mesure des étapes de cette tempête pour aborder sensiblement une réalité loin d’une approche institutionnelle. Il en ressort un investissement personnel exceptionnel, des convictions, et des sourires malgré les drames.
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Extraits
Vincent : Tout s’accélère. La situation s’aggrave. Le gouvernement prend conscience que les services de réanimation risquent d’être débordés. Cela devient leur priorité. Nous, médecins, nous attendrons.
Florence : Mes collègues en psychiatrie sont en pleine panique. Ils ne sont pas bien informés, ne sont pas prêts. Ils le vivent très mal. Pas comme nous, nous, nous sommes formés.
Vincent : J’ai commencé à appeler tous mes patients. Ceux en santé fragile, isolés socialement ou ceux dont je n’avais pas de nouvelles depuis quelque temps. Je n’ai pas attendu que le gouvernement nous sollicite. C’était une évidence.
Philippe : L’équipe se met en ordre de marche. Certains avec enfants doivent s’arrêter. L’effectif se resserre. Dans tous les sens du terme.
Fatiha : Au début, nous perdons tous pied. Que faut-il faire ? Ne pas faire ? Nous ne maîtrisons plus. Les informations officielles tardent à venir. Alors nous nous débrouillons et nous nous renseignons de tous les côtés.
Marion : À leur arrivée en réanimation, des collègues ont été accueillies et formées pour réapprendre certains gestes, les soins, les médicaments. Et avec le sourire !
Florence : Nous créons une permanence téléphonique tous les matins, que nous tenons à tour de rôle. Nous sommes assaillis !
Philippe : Le personnel masqué apprend à sourire aux résidents avec les yeux. Mais la force de sourire manque parfois.
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